Choisir le traducteur le moins cher en 2019

99 cent - prix d'une traduction pas chère

Pourquoi ne faut-il pas choisir un traducteur sur la base du tarif le plus bas ? Pourquoi ne faut-il pas faire appel au traducteur le moins cher ? Pourquoi est-il déconseillé de faire baisser les prix aux plus bas ?

À l’occasion de cet article, j’essaierai de démontrer que — si vous voulez obtenir une bonne traduction — choisir le traducteur le moins cher est une grave erreur. J’essaierai d’établir de simples vérités sur la guerre des tarifs dans le secteur de la traduction et sa conséquence sur la qualité de la traduction que vous allez obtenir.

La traduction la moins chère

Pour gagner équitablement sa vie et payer ses charges, le traducteur doit traduire un certain nombre de mots par jour ; nombre de mots limité par sa capacité de traduction propre sur une journée.

Souvent, sous la pression d’un client (qui peut vouloir obtenir le meilleur tarif possible) et le jeu de la concurrence, le traducteur peut être amené à baisser son tarif normal. Or, cela sous-entend que, pour continuer à payer normalement ses charges, le traducteur doit augmenter le nombre de mots qu’il traduit quotidiennement. Pour cela, le traducteur a trois solutions pour baisser le tarif de la traduction :

Solution n° 1

Il doit travailler plus rapidement. Or, s’il est expérimenté — et il doit l’être si vous voulez avoir toutes les chances d’obtenir une traduction de qualité — alors le traducteur a probablement déjà épuisé toutes les ficelles lui permettant de travailler plus rapidement.

Solution n° 2

Il doit travailler plus longtemps. Cela sous-entend qu’il sacrifie le temps passé avec sa femme/petite amie/ses enfants pour rattraper le manque à gagner.

Solution n° 3

N’étant pas en mesure de soudainement travailler plus rapidement tout en conservant le même niveau de qualité (sinon il l’aurait déjà fait depuis longtemps, voir Solution n° 1) et ne pouvant travailler plus (il travaille déjà 10 heures/jour et il souhaite passer du temps avec sa famille, voir Solution n° 2), le traducteur n’a d’autres choix que de diminuer le temps passé sur chaque traduction. Or une diminution du temps passé sur chaque traduction implique systématiquement une diminution de la qualité. En effet, c’est là que le traducteur commence à « prendre des raccourcis », utiliser un logiciel de traduction automatique, faire l’impasse sur la relecture de son texte, ce qui se traduit par un amoindrissement de la qualité de la traduction.

Bref, la plupart du temps, c’est la troisième possibilité qui est choisie.

Or, plusieurs personnes vont souffrir de cet état de fait :

– En peu de temps, les clients — et tous les clients (y compris ceux n’ayant pas bénéficié d’une diminution de tarif) — verront la qualité du travail qu’ils ont commandé diminuer de façon notable.

– Outre la traduction, la qualité du service offert, la réputation et crédibilité du traducteur en pâtissent également. En peu de temps, notre traducteur, de professionnel et méticuleux, est passé à une prestation médiocre.

Certes, il est toujours possible de trouver le traducteur le moins cher ou de faire diminuer les tarifs au plus bas.

Cependant, comme je l’ai démontré ci-dessus, personne n’est gagnant dans l’affaire. Non seulement le traducteur y perdra de sa réputation, mais vous n’obtiendrez pas une traduction de qualité.

Vous avez le droit d’en douter ; de penser que vous allez trouver la perle rare : un traducteur aux tarifs bas et compétent
à la fois. Détrompez-vous : comme le veut l’adage, si une offre vous semble trop belle pour être vraie, elle l’est probablement !

Les traducteurs ont une devise :

« I can always make it cheaper, and I can always make it worse » *

*Traduction : « Faire moins cher ? C’est toujours possible. Pour cela, faire moins bien, c’est tout aussi possible » (et sous-entendu, extrêmement probable) ».

8 préjugés sur les traducteurs et la traduction en français

Idées préconçues sur la traduction et les traducteurs

Voici un ensemble de 8 idées fausses sur la traduction en français, et sur l’industrie de la traduction en général. Il est temps de démystifier tout cela.

– Je suis français et parle l’anglais. Je pourrais donc être traducteur anglais-français.

– La traduction, c’est juste écrire dans une autre langue, n’est-ce pas ?

– Un traducteur, s’il est bon, n’a pas besoin de dictionnaire.

– La traduction et l’interprétariat, c’est la même chose, non ?

– J’ai un ami qui parle bien l’anglais : est-ce qu’on ne pourrait pas lui demander de faire la traduction ?

– C’est un texte très court. Cela ne devrait vous prendre que 2 minutes !

– Le domaine de spécialisation ? Vous n’avez pas besoin de le savoir, si vous connaissez la langue…

– Comment ça, vous travaillez ! Vous êtes chez vous, sur internet !

Démystifions ces idées fausses sur la traduction

Le traducteur est une personne très qualifiée. La plupart du temps, il est diplômé, expérimenté et spécialisé dans un domaine spécifique.

Le traducteur utilise un certain nombre de ressources (internet, magazines, dictionnaires, bases de données terminologiques, documents fournis par le client ou documentation sur les produits concurrents) pour délivrer une traduction de qualité. Il connait la terminologie employée dans son domaine de spécialisation. Le traducteur peut ressembler parfois à un dictionnaire ambulant…

… mais il a bien mieux à faire que de mémoriser la totalité du dictionnaire.

La traduction est l’action de traduire un texte, un ouvrage à l’écrit. L’interprétariat ou l’interprétation est l’action de traduire oralement les paroles de quelqu’un dans une autre langue.

La traduction est un métier spécialisé. La plupart des traducteurs ont plusieurs années d’étude et d’expérience derrière eux.

Traduire un texte requiert – presque toujours – un certain nombre de recherche et de réflexion. Le nombre de mots à traduire – ou son nombre limité – n’est pas nécessairement représentatif du temps nécessaire à la traduction.

Les traducteurs spécialisés se cantonnent à leurs domaines de spécialisation. Cela leur permet de délivrer une traduction de meilleure qualité, dans les meilleurs délais.

Le traducteur travaille — souvent — chez lui. Mais le fait est que, s’il est en face de son ordinateur, il travaille probablement sur un ou plusieurs projets de traduction, effectue des recherches en rapport avec un projet de traduction, remplit des papiers administratifs (son activité de traduction est une entreprise !). Il s’occupe de sa comptabilité ou prospecte pour de nouveaux clients. Si vous voulez une traduction de qualité, sachez que cela vous reviendra moins cher de faire appel à un traducteur professionnel qui vous rendra une bonne traduction, dès le départ.

Qu’est-ce qu’une bonne traduction ?

traduire, c'est transmettre une idée

Devant une telle interrogation, le traducteur de métier est saisi de trouble, presque de vertige. Peut-on répondre à une question aussi complexe ? Qui, en effet, dit le bon et le mauvais en ce domaine ?

Quelles conditions une traduction doit-elle remplir pour être jugée bonne ? Mais qui est le juge ou l’arbitre ? Quel sage ou quel savant ? Et les critères de la traduction littéraire ont-ils encore une utilité pour la traduction administrative ou technique ? Une traduction estimée bonne à une époque l’est-elle encore trente ans ou trois siècles plus tard ? Le client peut trouver mauvaise une traduction que le traducteur aura pensée bonne ; inversement, le client jugera bonne une traduction que le traducteur aura lui — même considérée comme médiocre, parce que faite, par exemple, sans la documentation voulue ou avec une précipitation impitoyablement imposée. La qualité d’une traduction est-elle un en soi, un absolu ? ou bien est-elle relative à un milieu, à une mentalité, à une époque ? Vaut-il mieux être infidèle avec élégance ou maladroitement fidèle ? Pourtant, n’y a-t-il pas un minimum qu’aucun traducteur ne pourra transgresser, sous peine de trahir ?

Gide, écrivain qui fut aussi traducteur, pensait que le métier de traducteur était si difficile, et important, qu’il fallait être écrivain professionnel pour l’exercer. Sans doute, il parlait de la traduction littéraire, mais son exigence s’applique tout autant à nous, si nous limitons la qualité d’écrivain à celle de rédacteur, autrement dit, de celui qui excelle à manier la langue, sans être forcément un créateur littéraire.

Pour préparer cet exposé, j’ai réfléchi, bien sûr, sur ma propre pratique de traducteur, de rédacteur, d’écrivain. Mais j’ai lu aussi ce que bien des traducteurs, qui ont réfléchi avant moi, ont écrit sur ce qu’ils estimaient être une bonne traduction. J’ai également porté mon regard sur le travail des autres, que j’ai pu apprécier comme réviseur, comme pédagogue et formateur, comme correcteur ou appréciateur. Je vais essayer de proposer des éléments de réponse, mais, dans ce domaine du relatif, je ne m’aventure qu’avec précaution, avec crainte même, car il n’est pas de réponse vite faite à la question posée : « Qu’est-ce qu’une bonne traduction ? »

L’activité de traducteur

Don't put your eggs in the same basket
  1. Vous pensez que la gestion du temps, ce n’est pas pour vous

Les traducteurs indépendants sont parmi les pires des procrastinateurs sur Internet. Je le rappelle, très rapidement, la procrastination, c’est remettre à plus tard ce qui nous apparaît comme difficile ou stressant. C’est pas mal lorsqu’on n’a pas de travail. Mais lorsque vous avez des projets avec plusieurs dates-butoirs l’une après l’autre, ce n’est absolument pas recommandé.

Si vous attendez le dernier moment pour démarrer votre travail, vous allez au-devant d’ennui.

Mon conseil de traducteur professionnel : mettez en place des stratégies de productivité qui s’accommodent de votre procrastination.

Bien avant le jour où vous commencez à travailler sur un projet, analysez celui-ci et définissez vos objectifs.

Je ne vous dis pas de prévoir de rendre votre traduction deux jours avant la date butoir. Ce qui marche le mieux pour moi, c’est de configurer le projet sur mon calendrier Google. Ceci dit, il y a plein d’autres solutions : il existe de nombreuses applications sur Smartphone qui vous récompensent lorsque vous achevez une tâche spécifique. De toutes les manières, faites tout ce que vous avez à faire pour délivrer votre traduction dans les délais impartis.

Il en va de votre réputation et de votre crédibilité.

  1. Vous mettez tous vos œufs dans le même panier

Ne dépendez jamais d’un seul client pour plus de 25 % de votre chiffre d’affaires. (Maintenant, c’est le pourcentage auquel je me suis tenu – certains traducteurs peuvent penser que c’est un pourcentage qui est encore trop élevé).

Cela vous paraît raisonnable, comme logique ?

Comme beaucoup de traducteurs indépendants, j’aime bien recevoir un gros chèque d’un gros client, à défaut de plusieurs clients à la fois. Et puis, un jour, je reçois un e-mail du client question qui me dit : « Olivier, le projet en cours touche à sa fin (ou est annulé). Je vous remercie beaucoup, nous n’avons plus besoin de vos services.

Et soudain, c’est la panique.

Soudain, vous vous retrouvez à devoir combler cet énorme vide béant dans votre chiffre d’affaires qui s’ouvre devant vous.

La morale de cette histoire : diversifiez vos sources de revenus.

  1. Vous ne faites jamais de pause

Tout miser sur le travail, sans période de repos ou de loisirs, c’est prendre le risque, pour le traducteur, de s’épuiser physiquement et mentalement.

Faire de courtes pauses tout au long de l’année : un week-end par-ci, un jour par-là, peut-être même une demi-journée de congé au milieu de la semaine, toutes les deux semaines.

Votre cerveau, et votre entreprise de traduction — et vos clients — vous en seront reconnaissants.

Pour la suite des erreurs à ne pas commettre, c’est par ici.